Hanako Hayashibara m'avait écouté lui raconter l'histoire de cette flûte qui lui paraissait « habitée », raison pour laquelle elle avait souhaité me consulter pour savoir à quoi s'en tenir.
- Voilà toute l'histoire de l'esprit qui
possède votre flûte. Maintenant, je vous confirme qu'il est
possible de l'exorciser si tel est votre souhait.
Elle réfléchit un moment.
- J'aimerais tellement être sûre de ne
pas être un frein à son salut, dit-elle enfin. Mais...
Elle hésitait, préparant ce qu'elle
dirait, gagnée par un léger trouble, qui restait à l'orée de la
perception, comme cette sensation de l’arrivée du printemps qu'on
sait là sans le voir vraiment.
- Je ne suis pas opposée à nous
accorder un peu de temps, dit-elle enfin.
Je ne saurais dire ce qui dominait de
la joie ou de la mélancolie dans la reconnaissance de cette union
qu'une distance infranchissable marquerait jusqu'à la mort. À moins
justement que réduite à cette infime subtilité, elle ne les
rapprochât davantage que ne l'aurait fait la vie ? Peut-être
Kazehiko lui-même s'était-il dit qu'au fond il valait mieux
s'accrocher ainsi à une ombre de bonheur que d'avoir vécu sans
bonheur du tout ? Et puis, peut-être qu'une ombre de bonheur peut
suffire au bonheur d'une ombre ? Je ne saurais le dire.
Mais en sortant de chez elle, dans la
rue, j'ai cru entendre le vent siffler à mon oreille un petit air
dont le ton d'ivresse allègre m'a fait sentir moi-même léger comme
le bleu du ciel.
Juin 2018, en hommage à Kenji Miyazawa
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