mercredi 4 juillet 2018

Kazehiko 1/4


Les histoires magiques de Moonray


Kazehiko


Kazehiko, « prince du vent », c'est ainsi qu'il s'appelait. Je vais vous raconter son histoire, et vous laisserai en juger. Ce n'est pas un prénom courant au Japon. De fait, ses parent l'avaient appelé plus banalement Kazuhiko, « garçon harmonieux ». Mais un côté peureux et fuyant avait tôt fait de donner à ses condisciples une idée de surnom qui devait lui rester.


C'est grâce à la flûte que Kazehiko trouva un moyen de se valoriser. Transcendé par la puissance des taïko des festivals, lui qui se serait fait mal en essayant de les frapper, il faisait danser à tue-tête le chant aigu de sa shinobue sur le roulement des tambours comme une petite voile de couleur vive sur les sombres rouleaux de l'océan. Il oubliait jusqu'à son corps, se sentant devenir plus léger qu'écume, souffle, vent divin, chant solaire.


Puis, tout vide dans le silence des tambours éteints, il lui fallait un moment pour redevenir quelqu'un, et réaliser après coup comme on regarde un film que c'était lui, ce garçon qu'on avait porté sur des épaules en criant « Kazehiko ! Kazehiko ! », comme on acclame les héros, quand à peine quelques semaines avant, on lui aurait caché ses chaussures et accueilli ses larmes avec des rires, et chanté son surnom sur un air moqueur.


Comme c'était un élève docile et travailleur, il avait une plutôt bonne moyenne, et il entra au lycée. Mais derrière ce conformisme rassurant pour son entourage, son vrai nom était en train de s'inscrire dans un autre réseau.


Il s'était aussi mis à la shinobue dite « uta », moins viscérale que les flûtes de festival à gammes égales, mais qui par son accordage classique lui avait ouvert les portes du monde de la musique. Ainsi, il se mit à jouer en public avec d'autres musiciens aussi souvent qu'il le pouvait.


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